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GRAND RAID DU MORBIHAN 2021

1 an et 5 mois, c est le temps qui sépare ma dernière course officielle, le 10km de Vincennes le 2 février 2020 du grand Raid du Morbihan le 2 juillet 2021 dernier, les opposés en quelque sorte. Ce fut trop long car j ai besoin de ça et il me tardait de replonger dans les joies d une prépa, avec ces moments forts et d autres plus durs mais avec au final un objectif bien précis et en l'occurence finir ce 177km du Morbihan. Initialement prévu le weekend du 25/26 juin, il sera décalé au 2 juillet. Prépa débutée le 5 avril sans savoir si cela irait au bout mais je m'y mets à fond..

Nous sommes partis le vendredi 2 très tôt le matin, direction La Vraie croix, petit gite a 20mn de Vannes environ. L'équipe se compose de mon père toujours présent, Jean-Michel toujours fidèle en tant que supporter sur le grand raid, et de toute ma petite famille, une première! ce qui apportera une source de motivation supplémentaire.Une arrivée entre 12H et 13H, parfait pour attaquer un bon dernier repas avant le départ. Il sera suivi d'une petite sieste, puis aux alentours de 16h25, direction le port de Vannes ou une fois tous arrivés, je retire vite mon dossard. 19h se rapproche, et là nous croisons Arnaud du club de Nandy, engagé sur le 177km également, le monde est petit mais celui de la course a pied est grand.. nous le recroiserons plusieurs fois tout au long du parcours. Un dernier bisous aux enfants, à ma femme, une poignée de main forte pour JeanMi et mon père et go sur la ligne de départ. Ca y'est, on y'est, les sensations sont là, l'adrenaline monte tout comme le son de Kavinsky "road game" comme à l'accoutumée pour lancer définitivement le départ du grand raid et c'est parti pour une aventure humaine de 177KM.

Je pars prudemment avec une allure acquise et imprégnée tout au long de ma prépa, en jetant un oeil sur la rive d'en face en me disant demain j'y serais. Bien évidemment tout roule dans les 10, 20, 30 premiers kilomètres croisant à plusieurs reprises mes fidèles supporters que ce soit a Arradon ou encore au moulin du Moustoir. Mes enfants sont contents de me voir et m'encouragent à fond, mon fils de 6 ans a bien compris qu'il ne me verrait pas cette nuit, celle ci s'approchant à grand pas. Les miens rentrent se coucher mais JeanMi et mon père continuent a venir me retrouver sur le ravito du 51e kilo, aprés m'avoir raté sur un point un peu plus tôt, faute d'indications. Et heureusement qu'ils seront là d'ailleurs car c'est environ autour du 45e kilo que je commençais déjà a ressentir quelques signes de faiblesses assez inattendus à tel point qu'une fois enfin arrivé au BONO (51e) je me suis demandé comment j'allais faire pour aller au bout, la route étant encore si longue.. Mais il était impossible d'émettre l'idée d'abandonner, ni même d'effleurer celle-ci. Voyant mon père un peu inquiet, j'essaye de cacher ces faiblesses tant bien que mal, JeanMi se faisant moins de soucis et aprés un bon moment de pause, je recharge le camelbag et je repars sans penser au mal. Et ca revient, je recours avec dans la tête toujours le même objectif, franchir la ligne d'arrivée mais en y allant par étape. J'arrive juqu'au prochain ravito, celui de Crach' au 68e kilo. Les conditions météo se compliquent car la pluie est venue se mêler à la fête autour de 3h du mat et de manière assez forte. Et elle durera longtemps, bien trop longtemps nous accompagnant pour ma part jusqu'a Locmariaquer, kilometre 82. Ce fut difficile d' y arriver, alternant course et marche avec plus de marche il faut le reconnaitre et un changement de tshirt entre autre sous le coupe vent. Mais j'y suis, 6h30 c'est l'heure de prendre le bateau qui nous conduit de l'autre coté de la baie, à Port Navalo. Je débarque et là m'attendent JeanMi et mon père, aprés une courte de nuit dans la voiture pour eux. Quelques mots d'encouragements et nous nous retrouverons 5km plus tard au grand ravitaillement d'Arzon. Là j'essaye de reprendre des forces, je me change complètement, mon pére, étant le seul accompagnateur pouvant accèder a certains points, me masse les jambes, je mange quelques pâtes car plus rien déja ne passe et me voila reparti direction Port neze, petit ravito un peu avant le 100e kilo. J'y arrive tant bien que mal après avoir rendu sur le parcours. En effet tout ce que j'ai ingurgité, sucré ou salé, depuis le début de la course me gênant considérablement, provoquant un point à l'estomac qui se dissipa assez rapidement du coup et pouvant me permettre de relancer a nouveau. Je ne m'éternise pas trop à Port neze, la barre des 100kilométres etant franchie, je continue d'avancer, avec toujours sur mon chemin mes 2 fidéles suiveurs et supporters. Je marche un peu plus avec notamment un gros coup de barre et aprés avoir passé le point d'eau du 110e, les ressources sont là pour me permettre de courir plusieurs kilos pour arriver jusqu'à Sarzeau, 120e, avec en prime une avance sur la prediction de mon heure d'arrivée sur ce ravito. Je me pose; j'arrive a remanger un peu, je vois JeanMi et mon père, ça me fait du bien. Il est temps de repartir, plus qu'environ 55km, le mental est bien présent et ce, depuis un bon moment. Je ne pense qu'au but ultime, et pourquoi pas devenir aussi un héros aux yeux de mes enfants. Je reçois  un nombre incalculable d'encouragements, un boost supplémentaire. J'adopte la technique du 1km marche, 1km course, ce qui me réussit plutôt bien jusqu'au ravito du Hézo, 133e. Je me rafraichi, je rate de peu les miens arrivés un peu tard mais ce n'est pas grave ca sera pour le prochain. Je suis plutôt dans une bonne dynamique donc j'enchaine et je poursuis ma route jusqu'au point d'eau de Noyalo, de l'eau sur la tête et je redémarre ou 9 kilomètres plus tard m'attendent tous mes supporters au ravitaillement du collége de Séné. J'y arrive toujours sur un bon rythme alternant marche active et course. Et là je suis heureux d'apercevoir tout le monde au loin, JeanMi, mon père, ma femme et les enfants viennent a ma rencontre et m'accompagnent tranquillement jusqu'au point de bipage, ca fait plaisir. Je suis définitivement requinqué, j'aperçois le panneau "ARRIVEE 28KM". Ce qui parait à la fois long, et pas long..mais long quand même en fait. En repartant de ce ravito je leur dit "rdv a l'arrivée" mais il me restait tout de même encore 4h de course a peu près. Et le coup de barre j'allais à nouveau le ressentir sur les 10 prochains kilos. Je me traine un peu plus, ces kilomètres paraissent plus longs, le long du golfe, ou sur des chemins gravillonés. La barre des moins de 20km est franchie, j'essaye de relancer puisant au fond de moi même, allant chercher ce qui n'existe pas mais qui s'identifie bien comme des ressources, c'est dur mais je continue avec mon mental, je prends du plaisir dans la difficulté, la souffrance, le bonheur de retrouver des ressources inexpliquées quand je suis pas bien, c'est là que la phrase de Kilian Jornet prend tout son sens, "la douleur elle n'existe pas, elle est simplement dans ta tête. Contrôle la, détruits la, élimine la et continue". Suis-je fou? Oui mais Cest ça la course à pied pour moi, c est aussi et surtout de la folie. A 12km de l'arrivée j'enchaine 3km en courrant, ca y'est le finish est a moins de 10 kilos. Je reconnais bien les sentiers de ces derniers kilométres, la nuit commence a retomber il est 23h mais je n'ai jamais ressorti la frontale une 2e fois sur le grand raid et ce n'est pas cette année que je le ferais. Dans ma tête c'est fait, il n'y a plus de douleurs, l'adrénaline monte, l'émotion est trop forte et elle le sera bien plus encore dans quelques mètres. Je préviens ma femme que je suis de l'autre coté du port, à environ 2km de la ligne d'arrivée, mon moment de gloire arrive. Les gens sont là ils m'applaudissent me félicitent, c'est trop fort, c'est pour cela que je cours. Au loin j'aperçois JeanMi et mon père arrivant à ma rencontre pour finir avec moi mais a ma grande surprise, je vois egalement Kyliann et Lou-ann en train de courir vers moi. De l'autre côté j'entends Aaron criant "allez papa!"ces moments sont magiques les larmes de joie coulent toutes seules, nous filons tous ensemble faire le tour du port et savourer la derniére ligne droite de cette sacrée aventure. Mon pére trace jusqu'a l'arrivée pour prendre des photos et JeanMi s'écarte gentillement pour me laisser recupérer Aaron au début de cette derniére ligne droite et je fonce avec mes 3 enfants main dans la main vers l'arche d'arrivée, mon rêve s'est réalisé, je l'ai fait pour eux. Nous passons la ligne, fin du grand raid en 27h52, arrivée a 23H13. Ces instants sont indéfinissables, immenses, magiques, il n'y a pas de mots..J'ai également pensé très fort à des personnes tout la haut qui m'auront à coup sur envoyé leur forces. Je prends tout le monde dans mes bras, je savoure la fin de cette épreuve si difficile mais au final tellement forte, rien que pour ces 2 derniers kilomètres aussi intense, je suis prêt a tout recommencer. Je vois Arnaud a l'arrivée, lui qui sera arrivé un peu plus tôt et pour son premier je lui tire vraiment mon chapeau bravo à lui. Nous rentrerons au gite par la suite déguster une bonne biére fraiche bien méritée ensemble aprés avoir apprécié une excellente douche. Puis la nuit sera encore aussi bonne. Nous finirons le dimanche midi par le traditionnel petit resto le long du port se remémorant déja tous les moments forts de cette course. Je tiens a remercier grandement JeanMi et mon pére pour m'avoir mis dans les meilleurs conditions avant, pendant et après le grand raid. Mes enfants et ma femme (qui me soutient et me supporte toujours dans mes délires..) qui seront venus me soutenir au plus près et m'auront permis de vivre ces moments incroyables. Et tous ceux qui m'auront encouragé avant et pendant,  merci à vous tous pour vos messages ça m'a fait le plus grand bien.

Pour conclure, une chose est sûre, j'y reviendrais..